En promenade dans des jardins robotiques et virtuels - Université Polytechnique des Hauts-de-France Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2017

En promenade dans des jardins robotiques et virtuels

Résumé

Ces dernières années, les jardins ont connus un véritable engouement, au point que le terme même de « jardin » semble désigner une multitude d’objets différents : squares aux plates- bandes soignées, fleurs écloses dans des chantiers, « mauvaises herbes » dont on reconnaît désormais les bienfaits, terre rapportée afin d’être cultivée par un collectif d’urbains… Peut-on encore distinguer entre des espaces, des plantes et des activités qui relèvent du jardin et ce qui n’en relève pas ? Quelques exemples tirés de l’art devraient nous y aider. Créé en 1995 à l’université de Californie du Sud, puis transféré à Linz à l’occasion du festival « Ars Electronica », un an plus tard, le Telegarden de Ken Goldberg est une installation télérobotique qui offre aux internautes la possibilité de voir, de planter, d’arroser des plantes d’un petit jardin. Ceuxci ont en effet accès à une interface permettant de situer le robot, de le déplacer dans telle ou telle zone de jardin visible via une image, pour faire un trou, planter une graine, arroser la terre, etc. Une fois cette action effectuée, le robot renvoie une image du jardin retravaillé. L’interface permet aussi d’entrer en relation avec d’autres jardiniers- internautes, de discuter. L’objectif avoué de l’installation est, de l’aveu des auteurs, de rassembler autour d’un projet commun, ce jardin étant comme le microcosme de la Terre dont nous devons collectivement prendre soin. En 2004, Christa Sommerer et Laurent Mignonneau crée une installation interactive inspirée des Nymphéas de Monet et, plus précisément, du fondu entre réel et virtuel à l’œuvre dans les tableaux conservés au musée de l’Orangerie (Paris). Intitulée Eau de Jardin, cette création est constituée de plantes réelles — nymphéas, lotus, bambous… – que le spectateur est invité à approcher, à caresser… Chaque geste est saisi par des capteurs et des plantes virtuelles, semblables aux plantes réelles, apparaissent sur un écran géant ou, mieux, se reflètent à la surface d’un miroir d’eau virtuelle. Plus proche de nous, en 2010, Miguel Chevalier crée Seconde nature, pour la place d’Arvieux, à Marseille. Cette œuvre est constituée d’une sculpture de 18 mètres de haut à partir de laquelle un jardin virtuel est projeté sur les façades des anciens docks : des fleurs, inspirées de la flore méditerranéenne, croissent, s’épanouissent et meurent. Quand un passant vient à frôler la sculpture, les fleurs tournent sur elles-mêmes, réagissant ainsi à l’action de ce jardinier involontaire. Ces quelques exemples réunissent les caractéristiques des jardins. Les plantes naissent dans un endroit clôt, nécessitent une action humaine pour s’épanouir, témoignent de l’espace jardiné comme d’un lieu de sociabilité, disent la proximité artistique entre jardin et peinture, renvoient au savoir empirique des jardiniers tout comme aux préoccupations écologiques qui désignent la Terre comme bien commun. Pourtant, nous demeurons perplexes et, même si certaines de ces créations mobilisent des éléments vivants – plantes, terre, semences, eau–, peu d’entre nous assimileraient ces œuvres à des jardins « réels » ou les identifieraient aux « jardins de demain». C’est la réalité et, peut- être l’avenir du jardin, que nous voudrions cerner en nous « promenant » dans quelques œuvres « jardinées » issues de l’art robotique et numérique.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03220870 , version 1 (07-05-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03220870 , version 1

Citer

Catherine Chomarat-Ruiz. En promenade dans des jardins robotiques et virtuels. Jardins de demain, Jul 2017, Villetaneuse, France. ⟨hal-03220870⟩
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